Web Summit 2022 - Quelques enseignements clés

Yoni Lawson, Head of Tech Edelman – 15 novembre 2022

 

Le Web Summit, le grand rendez-vous d’inspiration de la Tech mondiale en Europe, a fermé ses portes le 4 novembre dernier. Il a connu un certain succès avec près de 70 000 participants. Le secteur de la tech est confronté depuis quelques mois à des vents contraires. Néanmoins, il nourrit toujours l’ambition de faire partie de la solution aux problèmes et bouleversements qui se posent au monde. A ce titre, l’édition 2022 du Web Summit a été riche d’enseignements, parfois prémonitoires, au vu des derniers développements notamment dans l’écosystème crypto.

Est-ce l’hiver de la crypto ?

Le Web Summit a laissé une place prépondérante aux sujets crypto et Web3. Entre ceux qui voient dans l’émergence de la crypto une vague irrépressible, et les moins enthousiastes, le débat est ouvert. Néanmoins, un consensus se dégage sur le besoin de transparence et de régulation de cette industrie, mais qui ne doit pas se faire au détriment de l’innovation. L’actualité récente de FTX montre combien ce besoin est désormais urgent et vital, pour assurer la pérennité de cette industrie.

Que ce soit dans les pays développés ou en développement, la promesse d'un écosystème décentralisé et de détention de la propriété des biens digitaux demeure particulièrement attrayante. Cependant, les aspects positifs de la crypto et du Web3 ne peuvent masquer les pendants négatifs (piratage, spéculation, risque sur la sécurité des avoirs, sur la protection des utilisateurs) ; et le secteur doit y remédier pour prospérer.

Beaucoup appellent de leurs vœux une collaboration avec les régulateurs pour assurer de manière efficace, l’impératif de protection des consommateurs et de l’innovation. En tant que secteur en forte croissance, il lui sera demandé de relever ces (grands !) défis, car chaque secteur de l'économie doit faire sa part en matière de sobriété et de transparence.

La technologie, au cœur de la réponse du changement climatique

Le constat partagé lors du Web Summit ? Avec la trajectoire actuelle, le monde court à une catastrophe certaine. Les investissements dans les « Climate Tech » sont au plus haut et permettent à ces start-ups de se développer très rapidement. Des pépites de ce secteur étaient présentes, dont la française Greenly, spécialisée dans la mesure des émissions carbone.  Comme le rappelait Brad Smith, Président de Microsoft, l’année dernière au Web Summit, il est difficile d’agir sur ce que l’on ne peut pas mesurer.

Même si les solutions technologiques peinent à émerger, l’industrie de la Tech reconnait que les technologies de rupture ont un rôle clef à jouer pour relever les défis de l’urgence environnementale – l’IA pour la gestion des déchets et l'économie circulaire, la prise de décision basée sur les données ou travailler et produire à distance, pour réduire les chaînes logistiques et leur impact environnemental. Quoi qu’il en soit, l’adaptation sera de mise. Et la technologie ne sera pas en reste.

Une régulation en ordre dispersé

Comment atténuer les risques de la technologie pour les citoyens ? Alors que la différence d’approche est plus ou moins marquée entre l’UE et les US, les régulateurs sont taraudés par une question fondamentale : comment réguler et assurer la protection des citoyens sans nuire à l’innovation ?


L'UE est toujours à la pointe en termes de réglementation des technologies disruptives - en témoignent les dernières réglementations sur les cryptomonnaies (MICA) ou encore l’IA. La philosophie de l’UE est de réduire les risques pour les droits fondamentaux de citoyens européens. Pour les US, il s’agit de mettre en application les lois existantes dans la sphère en ligne.

Le défi pour les régulateurs des États-Unis, de l'Union européenne ou du Royaume-Uni ? Savoir comment faire appliquer les réglementations existantes dans un monde numérique avant d'en imposer de nouvelles. D'autant plus que l'innovation et les mises sur le marché s’effectuent à un rythme effréné.

La guerre des talents dans la Tech

Même si la conjoncture économique incertaine pousse les big tech à se séparer d’une partie significative de leurs effectifs, il n’en demeure pas moins que la guerre pour les talents de la tech demeure d’une brûlante acuité. Comment attirer les meilleurs talents dans un vivier, somme toute, assez limité ?

Il faut considérer le vivier de talents comme global, car grâce à la technologie, il est possible de créer une entreprise et de recruter dans n'importe quelle partie du globe. Pour cela, le triptyque des 3C est indispensable : la collaboration (les outils technologiques le permettent aujourd’hui), la connexion et la culture. Pour les entreprises de la Tech - et pas que - l’enjeu est de savoir comment connecter les collaborateurs et instaurer une culture d’entreprise dans un monde hybride.

L'évolution des attentes des jeunes talents, doit inciter les entreprises à connecter davantage leurs collaborateurs aux valeurs et aux problèmes qu'elles veulent résoudre. Cette nouvelle génération a soif de travailler à résoudre les grands enjeux du monde actuel. La technologie doit montrer qu’elle fait partie de la solution.