VIVATECH 2022


Josselin Bénétreau, Tech practice Edelman Paris


 
Nous voici de retour de VivaTech, le pèlerinage annuel des amoureux de la tech et de l’innovation. Un rendez-vous immanquable pour la qualité des acteurs qu’il rassemble, pour sa dimension internationale, mais aussi pour ce qu’il représente en Europe : une vitrine et un tremplin pour l’innovation. 

Plusieurs membres de la practice Tech ont pris leurs baluchons, leurs ordinateurs et leur gouaille légendaire pour prendre le pouls à VivaTech, se faire connaitre des startups montantes et profiter des conférences délivrées par des intervenants de grande qualité (d’aucuns diraient même de stature présidentielle).   

Plus de 90,000 personnes sur place, 300,000 internautes qui ont suivi l’événement en live, le tout étalé sur quatre jours : les chiffres impressionnent. Plusieurs sujets ont émergé avec facilité : l’inévitable Web3, l’immanquable metaverse et l’indispensable sustainability ont su peser sur les débats. Peut-être trop pour les premiers, sans doute trop peu pour le dernier. 

On sentait la FrenchTech en pleine flexion, démontrant toute la force et vitalité de son écosystème d’entrepreneuses et entrepreneurs. Beaucoup d’entreprises B2B, plus qu’à l’accoutumée, ont pu se frayer un chemin parmi les chouchous du public, casques VR, drones et robots en tête. 

Dès le premier jour, la scène était posée avec l’annonce de la FrenchTech sur une nouvelle promotion Green20, un programme d’aide dédié aux startups « vertes ». En fin d’événement, le président Macron a annoncé un objectif de taille : 100 licornes en 2030, dont 25 tournées vers la sustainability. La France détient aujourd’hui 27 licornes. Notre préférée ? Une certaine Exotec, dont vous aurez peut-être entendu parler… 

 Après toutes ces conférences suivies, nous avons voulu vous partager quelques insights tirés de notre passage. 

SPACE IS NOW 

Pour la première fois, l’espace était en grande pompe sur VivaTech. De la micro gravity research aux véhicules Space-to-Space, en passant par la Spacepharma (oui), l’avenir de l’exploration spatiale semblait bel et bien s’écrire Porte de Versailles. Un marché prioritaire aujourd’hui : servir les stations spatiales. Et n’allez pas leur dire que l’espace est le pré carré des milliardaires : c’est avant tout le futur de notre espèce qu’on doit préparer. Comme on a pu l’entendre dans la conférence Gravity Matters: Developing Space-Based Experimentation réunissant Daniel Campbell (SpacePharma), Nicolas Gaume (Space Cargo Unlimited) et Hélène Huby (The Exploration Company), l’enjeu de l’exploration spatiale est aussi celui de pouvoir innover ici-bas, sur Terre : “It’s not just about going to Mars but going back to Earth”. Tout un programme. 

LA MOBILITE URBAINE TRACE SA ROUTE 

La mobilité, sans surprise cette fois-ci, était très présente sur VivaTech. Le message est clair selon Lawrence Leuschner, CEO de Tier Mobility : il faut plus de circularité, plus de partenariats, et plus de solutions offrant la liberté d’usage à tous. Les régulateurs doivent donner leur chance aux projets pilotes qui portent l’innovation, en les aidant à déployer leur créativité Une idée a semblé émerger des débats, très inclusive : chaque citoyen est ou doit devenir un ambassadeur de la mobilité durable. A vos vélos ! 

WEB 3 MEME TU SAIS 

Pour celles et ceux qui auraient vécu sous une pierre depuis six mois, le Web3, c’est la dernière incarnation de l’Internet : décentralisé, reposant sur la blockchain, porté par le metaverse et les NFT (Non-Fungible Tokens). Et il n’aurait manqué la fête pour rien au monde. On a pu entendre que la blockchain, in fine, se voudrait une « révolution de la propriété », dont le potentiel dépasserait de très loin Ethereum et Bitcoin, et qui pourrait changer notre quotidien dans quelques années. Les NFT sont décriés par beaucoup, mais nombre d’acteurs du Web3 semblent y voir un avenir radieux, malgré ses soubresauts de jeunesse. Binance veut mener la charge côté crypto, en simplifiant l’ô combien cruciale expérience utilisateur. Pour Asmita Dubey, Directrice numérique et marketing chez L’Oréal, le Web3 est l’occasion de repenser entièrement le concept même du marketing. L’audience ne doit plus être considérée comme extérieure à la campagne. Elle doit en faire partie. Même plus, elle doit en être le personnage principal. Enfin, un mot ressort des débats : res-pon-sa-bi-li-té. Si le Web3 veut réussir sa mue et se démocratiser, ça devra passer par là. 

LA SANTE AVANT TOUT 

Même si tout le monde semble avoir overtroisièmedosé des sujets santé depuis la pandémie, l’entrepreneuriat du secteur se porte mieux que jamais. L’industrie de la santé veut se diriger vers une plus grande individualisation des patients, une priorité qui va de l’organisation hospitalière à la fabrication de nouveaux médicaments ou de nouveaux outils. Pour Claire Biot, VP Life Sciences & Healthcare Industry chez Dassault Systèmes, l’utilisation des jumeaux numériques va transformer la façon dont l’hôpital fonctionne, en permettant de limiter les visites des patients sur place dans les établissements. Finalité : réduire les dépenses en santé et améliorer les méthodes de réalisation des chirurgies les plus complexes. La santé mentale a également été mise en avant et a occupé une place de choix. On observe d’ailleurs une véritable démocratisation et normalisation des conversations autour de la santé mentale depuis le covid. C’est ce qu’on appelle le verre à moitié plein. 

ET L’AVENIR DANS TOUT CA ? 

L’équipe a particulièrement apprécié la keynote rassemblant notamment Romain Moulin (CEO d’Exotec), Roxanne Varza (Station F) et Charlie Perreau (journaliste aux Echos) sur l’avenir de la tech. Avec autant de levées, de licornes et de success stories européennes, doit-on craindre la fin de la récré à l’heure où les investissements ralentissent ? Va-t-on vers une second bulle dot-com ? Ou peut-on bâtir sur le momentum des dernières années ? Il semblerait que l’optimisme l’emporte, avec un maillage d’innovatrices et innovateurs durablement implanté en France, un écosystème qui l’aide à grandir et de belles perspectives…Mais aussi, une véritable volonté de l’Etat d’encourager l’innovation et faciliter la création d’entreprises. La France semble avoir un vrai rôle de locomotive à jouer en Europe…Cocorico ! 

En résumé, VivaTech édition 2022 a réussi à montrer la vitalité de la tech européenne, dont Paris est la capitale, et qui a pris en maturité en allant vers des secteurs nouveaux, en multipliant les partenariats avec les grands groupes, et en recrutant à bras le corps. Si on peut regretter qu’il n’y ait pas eu de volonté plus assumée de mettre en avant les enjeux de durabilité, d’autre sujets essentiels comme la place des femmes dans la tech et la diversité ont été plus traités que par le passé. Il reste encore beaucoup, beaucoup, beaucoup à faire, mais on a eu le sentiment que le train était en marche. 

On a hâte d’y retourner en 2023 !